Le Salkantay, la aventura, la hambre, papas, champiñones de nieve y corniesa...

Après l'école d'escalade de rocher et de glace, il était temps d'aller faire quelques courses et de partir a l'aventure. Et pour ça nous avons été servi ...

Un timing restreint et quelques circonstances ont fait que nous sommes partis pour la voie normale du Salkantay avec très peu d'informations. Sans informations mais optimistes, nous sommes partis avec 2 jours de nourriture. L'aventure allait durer 4 jours... Benoit renoncera d'ailleurs a l'ascension finale a cause de ces circonstances aventureuses le 2eme jour. Les autres poursuivront leur route vers l'arête NE, la voie normale, une course AD/D selon les conditions. L'expérience andine de notre ami bolivien Sergio s'avéra très utile pour déjouer les pièges de l'arête très cornichée et champignonée.

Le Nevado Salcantay (6271 m) est le point culminant de la Cordillère de Vilcabamba. Cette cordillère se trouve au sud du Pérou, 100km au nord de Cuzco. Elle comporte également de nombreux 5000m très intéressants dont l'Humantay et le Tucarhuay situés à coté et en face du Salcantay.

                    

G : L'arete S a gauche et l'arete NE a droite. D : La face sud, pour une autre fois...

4kg de papas et beaucoup plus d'aventure...

Mais ... ces montagnes sont peu explorées. Nous avions un timing restreint de 10 jours. Malheureusement nous sommes arrivés à Cusco un dimanche, la boutique pour acheter la bonne carte était fermée et les guides de Cuzco d'aucun secours car tous en Cordillère Blanche. Nous sommes donc partis avec le topo de John Biggar très sommaire (6 lignes de texte, une mauvaise photo et une mauvaise carte) et notre carte "touristique" au 1/100 000. Cette carte a un problème essentiel, elle oublie de mentionner 2 cols à 4600 m et 4800 m qui se trouvaient sur notre chemin. Nous (Vanessa, Benoit, David, Ludo et Sergio un alpiniste bolivien) sommes partis vaillamment du camp de base de la face sud, le 22 juillet pensant rejoindre par une traversée à niveau le camp d'altitude de la voie normale à 5500 m. Apres 1400 m de denivelee avec des sacs de 20 kg, nous nous sommmes retrouves au pied de l'arrete NE avec encore 1500 m a gravir pour rejoindre le camp d'altitude. Les reserves de nourritures etaient bien sur calculees au plus juste. Nous sommes donc aller quemander des patates chez le seul paysan de ce coin perdu pour economiser des lyoph. 2 kg de patates pour le souper et 2 kg pour le dejeuner.

         

G : Sergio observe l'arete sud du Salkantay. C : arrivee au pied de l'arete apres 1400m de denivele. G : Les rations de nourritures calculees our 2 jours doivent etre economisee, en avant pour les papas au souper et au petit-dej...

Le chemin de l'arete NE se devole mais Benoit renonce au sommet

Le lendemain, depart pour le camp d altitude (5400m). Objectif de la journee: boucler les 1800m de denivelee qui nous en separent. On pense avoir compris ou il est, mais les informations du topo n etant pas tres claires nous font tout de meme douter sur l itineraire a suivre. Finalement, nous faisons le bon choix et a 14h, nous prenons pied sur un col menant aux glaciers de la face Nord du Salcantay. Le camp d altitude se situe environ 400m plus haut, sur une selle neigeuse. A ce stade, Benoit qui n a pas pu bien s alimenter a cause des restricitions de nourriture decide d arreter car il est epuise et il ne pense pas pouvoir faire le sommet le lendemain. Il redescend donc dans la vallee pendant que nous finissons la montee au camp d altitude par un cheminement entre dalles et glacier. Du camp d altitude, la vue est superbe, mais il ne faut pas perdre de temps: la nuit arrive vite et il faut reprendre un maximum de forces avant le sommet. Apres les classiques ateliers de terrassement pour les tentes et de cuisine, tout le monde se met au chaud dans son duvet pour une nuit de someil bien meritee: demain, c est le sommet!

         

G : Montee au camp d'altitude. C : Petite promenade sur la terrasse du camp. D : vue du camp d'altitude de l'arete NE.   

La voie normale des champignons et des corniches de neige...

24 juillet: Au lever du soleil (6h environ), nous partons a 4 (David, Vanessa, Sergio et Ludo) pour le sommet du Salcantay. 800m d'arete nous attendent et nous les attaquons de maniere assez optimiste: tout a l air de passer, donc on fonce! L arrete demarre par une partie en rocher qui se negocie assez vite, puis on enchaine rapidement avec de la neige. Au debut, il est relativement facile de marcher sur le fil, mais assez rapidement, cela se complique: l'arete s'effile, et la neige devient inconsistante... C est pour nous la decouverte de l andinisme! Du coup, on ralentit et notre ami sergio, familier de ce genre de terrains, prend les devants du groupe. A 13h, apres de longues heures d effort et quelques sueurs froides dans de raides traversees, nous en finissons avec la voie et debouchons sur le "plateau sommital". L altitude se fait sentir. Le sommet du Salcantay n'est plus qu' a une centaine de metres et aucune difficulte technique ne s oppose a nous. Malheureusement, la meteo se fait capricieuse et les nuages qui sont arrives sur la montagne depuis maintenant 2h nous poussent a redescendre le plus rapidement possible. De plus, la descente etant assez exposee necessite une grande attention et la pose de nombreux rappels. La decision est donc rapidement prise: on rentre sans atteindre le sommet ! Les rappels/desecalade s'enchainent sur corps morts ou champignons de neige (si, si, ca tiend!) . On commence a etre vraiment fatigues, mais il faut reste tres concentre vu l exposition de a descente: de part et d autre de l arete, les faces plongent dans la vallee et rien ne stopperait une chute...On arrive finalement au camp d altitude a 20h30, de nuit, avec un piolet en mois (David en a laisse echapper un en faisant tomber une corniche!). Bien contents d en avoir finit avec cette longue journee et d avoir coche la voie, on va directement se coucher (cela fait des economies de nourriture pour le lendemain). Ce soir, pas besoin de berceuses pour dormir!

        

G : Sergio sous une corniche de l'arete NE. C : Vanessa une des rares fois ou il est possible de marcher sur le fil. G : Au milieu des corniches.

         

G : Sommet et vue imprenable sur les nuages. D : Desescalade et rapels sur champignons de neige.

Un retour sous le signe de la faim

25 juillet: On decampe! C est le retour au camp de base, au pied de la face sud du Salcantay. C est de nouveau une longue journee de treking, mais cette fois ci, sans nourriture ou presque: un lioph pour 4 le matin et 2 barres par personnes. Les sacs sont bien lourds et la route bien longue. On arrive au camp de base en fin de journee et on devalise les stocks de nourriture de notre cook Miguel. C est la fin de l aventure! Le lendemain, retour a la civilisation, avec des images plein les yeux et des projets plein la tete: la face Sud du Salcantay reste encore a gravir, l'Humantay promet une traversee digne de celle des aretes de la Meije...

                      

G : Manger enfin... D : Une possibilite logique d'ouverture sur un pilier de la face sud.