Je suis de retour de la Laguna Glaciar après y avoir passe une semaine (enchaînement Yacuma/Ancohuma, 2 6000, photos de g.). Ludo et David sont encore la haut et vont tenter encore 2 sommets (enchaînement Schulze/Illampu, 5940 et 6370, photo de d.). Nous étions la-haut depuis le vendredi 8 ou nous avions tenté sous la neige l'arête des Maurienais (orientée ouest) sur le pico de la Laguna Glaciar. Cette tentative osée c'etait soldée par un retour assez rapide au camp après 3h de progression sous la neige et avait ete l'occasion d'une bonne leçon.
La lecon de l'arete des Maurienais (ouverte vers le 05 aout par des jeunes d'Aussois)
Ci-dessus, le Pico Laguna Glaciar et l'arete des Maurienais un jour de beau temps...
Au moment du deuxieme passage technique sous la neige :
Benoit : Ludo ca passe pas la c'est pourri.
Ludo : Si tu veux je passe en tete.
B : Non, non, c'est bon, j'y vais.
6 metres plus haut, Benoit : Putain ou il est le camalot N 1.
Ludo et David : On sait pas.
Benoit : Cherchez le bande de cons, il est pas sur le rack.
David : Il etait dans le sac de Ludo.
Benoit : Vous etes vraiment trop nul, en plus le passage est vraiment pourri.
Ludo : Tu veux que j'y aille.
Benoit : Non je vais me debrouiller.
Et bien sur la pierre qui etait coincee dans la fissure en est sorti quand je me suis appuye dessus tout comme la sangle passe autour de la pierre. Zzzzzzzt. Arret 6 metres plus bas retenu par un camalot 0.75 sans bobos (euh si, 1 cm2 de peau en moins sur le doigt et une veste Lowe Alpine en test un peu dechiree) et tout de suite, Benoit pas du tout comotione mais plutot chauffe a vif :
"On se casse de la, vous etes vraiment trop cons."
LA LECON EST DONC QUE QUAND ON NE SENT PAS UN PASSAGE MIEUX VAUT REBROUSSER CHEMIN QUELQUE SOIT LES COMMENTAIRES DES POTES.
L'enchainement de la traverse nord-sud du Yacuma (6066m) et de l'arete nord de l'Ancohuma (6427m)
Comme je le mentionne dans le blog (nous n'avons pas fait que des betises!), nous sommes ensuite partis a l'aventure dans un coin pas du tout frequente, le secteur du Yacuma (6066m) et de la face nord de l'Ancohuma (6027m). La-bas, nous avons appris la logistique d'enchainer deux sommets a la suite en portant toutes les affaires sur le dos. Et bien sur, nous avons encore eu a faire a des difficultes andines, c'est a dire des penitents a perte de vue (photo de gauche, la tache doree, c'est le Titicaca) et des aretes tres techniques avec de nombreux passages a 70 degres (photo de droite) en neige plus ou moins inconsistante et des corniches fragiles a menager!
Le recit de l aventure au jour le jour:
On est parti du camp de base avec le lever du soleil. Le temps est au beau fixe, on s engage donc dans le Yacuma, une arete de neige perchee a 6000 m de deux km de long. La grimpe est assez basique mais la pente est souvent assez forte de part et d autre de l arete (type Salcantay) et la neige est parfois inconsistante. On a prevu 4 jours de nourriture et on est equipes pour les bivouacs en altitude, donc on ne se presse pas: apres avoir passe le sommet, on cherche un endroit pour le bivouac a peu pres confortable. A 17h30, on est tous dans nos duvets, au chaud, a deguster nos lioph´(devenus pour l occasion la base de notre alimentation). On a tous un peu mal a la tete, c est un leger symptome du MAM, mais rien de grave. On est a 6000m, cela explique un peu ma situation.
Le lendemain, apres une nuit top confort, (si, si, on a dormi et meme reve!) on attend que le soleil nous rechauffe un peu avant de partir. On continue sur l arete jusqu a une breche, ou l on decide de rejoindre directement le plateau glaciaire, 500m en dessous. On est surs qu ici, cela passe, alors que l on ne sait pas trop ce que donne la suite sur l arete (etat des rimayes pour la descente,etc)... Apres la descente, il reste ce jour une longue marche sur le plateau dans les penitents (un penitent est une petite pointe de glace (20/30 cm). Lorsque il y en a, ils sont des milliers, espaces de 20 cm environ. Lecon d andinisme: 500 m de D+ dans les penitents sur un plateau = une bonne galere) jusqu au second bivouac, a 5900m, au pied de l arete N de l Ancohuma. Le bivouac du deuxieme jour est encore plus confortable que le premier, avec vue sur le lac Titicaca... Que demander de plus? Le meilleur moment de cette journee est sans contestation possible la degustation du lioph du jour (riz-noix de cajoux, pour les interesses!).
Pour le dernier jour de notre premier periple, il nous reste 400m d arete pour aller au sommet de l Ancohuma. L itineraire n est pas tres technique, mais les penitents sont (encore) omnipresents. Du coup, on galere sur l arete et on arrive au sommet bien entames physiquement et moralement (un peu trop pour un certain Ludo qui se laisse aller la haut a une crise de nerf memorable dont les propos resteront secrets...). La descente s enchaine ensuite sans embuches par la voie normale de l Ancohuma, et l on arrive au camp de base de la laguna a 17h. La, a grand renforts de gros plats de pates et saucisson, on recupere quelques forces, puis on va se coucher. Fin du voyage, OUF!
Les traces de l'aventure >>>
L'enchainement Pico Schulze (5943m)/Illampu (6382m)
Le recit de l aventure au jour le jour:
Deuxieme voyage en altitude, enchainement Schulze Illampu. Apres notre premier voyage, on est bien acclimates. Benoit est redescendu a la Paz ou il avait affaires a faire... Nous sommes donc cette fois ci deux pour l aventure:David et Ludo.
La encore, tout commence avec un depart du camp de base au lever du soleil. On remonte la facile arete qui amene au Schulze au pas de course. A 13h30, on est au bivouac, 100m sous le sommet. On fait un petit detour de 40 minutes au sommet du Schulze (5943 m) histoire de dire que l on est alles en haut. Le reste de l apres midi est passe a reperer l itineraire du lendemain depuis notre bivouac, les pieds dans le duvet (ce qui a eu un role non negligeable dans l odeur qui habite maintenant nos sacs de couchage!). Pour la suite des festivites, il s agit donc de redescendre par un couloir/ goulotte jusqu au glacier nord de l Illampu et ensuite de rejoindre la voie normale pour ce meme sommet. La encore, on a prevu large en nourriture (le regime force du Salcantay a laisse des traces!) et le temps est au grand beau, donc pas de stress!
Le lendemain, on part de nuit pour prendre une nouvelle lecon d andinisme (qui est une lecon assez generale et vraie aussi dans les alpes, finalement, vous allez voir!Enfin, vous allez lire!). Apres quelques metres de descente sur les traces reperees la veille menant au glacier de la voie normale de l Illampu, la neige se durcit (=> plus de traces) et evidement, nous perdons l itineraire. On a le choix entre deux couloir de descente. On prend le mauvais (bien sur) et on finit au dessus d une goulotte franchement raide sans possibilites de rappel. Comme on n y voit rien, cela rajoute encore a l ambiance glauque de l endroit. Decision: on remonte a la tente attendre le jour. 6h, second depart. Cette fois ci, on prend l autre couloir et... Ca passe! (c est tout de meme assez pourri par endroits au niveau du rocher, mais "on fait avec"). La voie normale de l Illampu ne pose pas de probleme: on est bien acclimates, donc on avance! Il y a meme une trace pour les passages raides, ce qui evite d avoir a tailler les marches. On est au sommet a 11h40. La descente est un peu plus problematique: quelques chutes de pierres viennent pimenter la sauce et nous imposent un itineraire sioux et abrite. Rien de bien extraordinaire cependant. La derniere difficulte de la journee est la remontee de la goulotte du matin. On decide de passer par celle que l on avait renonce a descendre de nuit, car elle est plus directe et toute en glace (donc bien protegeable avec des broches), ce qui nous semble preferable au rocher pourri de l autre couloir (on avait vu assez de pierre tomber ce jour ci). Apres une belle longeur de glace un peu mixte, (grade 4 environ), on arrive au bivouac que l on avait quitte le matin.Il est 15h30. On pourrait redescendre directement au camp de base, mais on est suffisament large en nourriture pour dormir une nuit supplementaire sur place et aussi, il faut l avouer, un peu fatigues!
On prend donc l option de vider les stocks restant et de prendre une nuit de sommeil en plus pour descendre legers et reposes l arete montee le premier jour. Finalement, nous sommes donc de retour au camp de base a 11h apres trois jours d alpinisme-plaisir en haute altitude. C est la fin du sejour sur la laguna Glaciar. Le lendemain, c est le retour a la civilisation, apres 13 jours passes au dessus de 5000m. La encore, OUF!
Et(la aussi) les traces de l'aventure >>>